segunda-feira

o sr caolho VII



de Paul Valéry

«Monsieur Teste avait peut-être quarante ans. Sa parole était extraordinairement rapide, et sa voix sourde. Tout s’effaçait en lui, les yeux, les mains. Il avait pourtant les épaules militaires, et le pas d’une régularité que étonnait. Quand il parlait, il ne levait jamais un bras ni un doigt : il avait tué la marionette. Il ne souriait pas, ne disait ni bonjour ni bonsoir ; il semblait ne pas entendre le «Comment allez-vous ?»


«Sa mémoire me donna beaucoup à penser. Les traits par lesquels j’en pouvais juger me firent imaginer une gymnastique intellectuelle sans exemple. Ce n’est pas chez lui une faculté excessive –c’était une faculté éduquée ou transformée. Voici ses propres paroles : «Il y a vingt ans que je n’ai pas de livres. J’ai brûlé mes papiers aussi. Je rature le vif… je retiens ce que je veux. Mais le difficile n’est pas là. Il est de retenir ce dont je voudrai demain!... j’ai chercher une crible machinal…»


L’art délicat de la durée, le temps, sa distribution et sa régime, - sa dépense à des choses bien choisies, pour les nourrir spécialement, - était une des grands recherches de Monsieur Teste. Il veillait à la répétition de certaines idées ; il les arrosait de nombre. Ceci le servait à rendre finalement machinale l’application de ses études conscientes. Il cherchait même à résumer ce travail. Il disait souvent : «Maturare !...»